Salaires : les entreprises prises entre deux feux
Malgré une inflation en baisse, la revalorisation salariale reste un défi pour les entreprises. Les prévisions de la Banque de France estiment l’inflation à 2,6 % pour cette année, mais la pression pour augmenter les salaires persiste.
Les entreprises doivent naviguer entre la nécessité de compenser la hausse des prix pour leurs employés et la rationalisation de leurs budgets. Alors que les augmentations salariales avaient atteint environ 4,5 % de la masse salariale l’année précédente, elles devraient se limiter à 3,5 % en 2024. Des disparités existent entre les secteurs, avec des augmentations allant jusqu’à 7 % dans l’industrie agroalimentaire et seulement 2,6 % dans la gestion des déchets.
Les augmentations salariales générales seront plus restreintes, avec seulement 30 % des cadres bénéficiant de ces hausses contre 54 % en septembre 2023. Les services non financiers comme l’information-communication et le BTP sont particulièrement touchés. Certaines entreprises utilisent même l’absence de revalorisation comme un levier pour encourager les départs, notamment dans les fonctions support menacées par l’intelligence artificielle. Cependant, les secteurs souffrant de pénurie de main-d’œuvre, comme la métallurgie et les transports, seront contraints d’être plus généreux, avec des revalorisations pouvant atteindre 4,1 % de la masse salariale.
« Les dynamiques salariales intègrent de moins en moins les efforts de formation et d’adaptation des salariés, regrette cependant Bruno Mettling, président fondateur du cabinet topics. Les entreprises qui le peuvent feraient bien mieux de reconnaître ces efforts stratégiques pour leur compétitivité et la fidélisation des collaborateurs les plus engagés. »
Pour maintenir la compétitivité tout en évitant de frustrer leurs salariés, les entreprises cherchent des solutions créatives en termes de pouvoir d’achat. Elles intègrent des éléments de rémunération périphérique comme les aides à la mobilité durable, les chèques Cesu pour la garde d’enfants, et la contribution à l’épargne retraite ou à la mutuelle. Certaines entreprises pionnières alignent leurs politiques de formation et de rémunération pour reconnaître les efforts de leurs salariés et fidéliser les plus engagés. L’unification des grilles de classification basée sur les compétences dans la métallurgie illustre aussi cette approche innovante.